présentation du programme

/e programme de géographie portera cette année sur une question de géographie thématique 

 

«  Population et inégalités dans le monde  »

 

Pour cerner les limites du sujet, son ampleur et ses problématiques, il faut se référer  à la lettre de cadrage fournie par le jury de l'ENS de lyon


La question au programme pour la session 2021 est centrée sur les inégalités au sein des populations.
Elle invite les candidates et les candidats à rapprocher l’étude de la population avec l’analyse des
inégalités, des processus dont elles résultent et des dispositifs mis en oeuvre pour tenter de les réduire.
Elle demande d’abord de pouvoir repérer ces inégalités dans leur expression spatiale à différentes
échelles. Il conviendra aussi de pouvoir mobiliser des processus démographiques élémentaires mais
également socio-économiques pour expliquer ces inégalités. Il s’agit enfin d’être en mesure de rendre compte des pratiques socio-spatiales et des modes d’action publique mis en oeuvre pour réduire ou faire face à ces inégalités au sein des populations.
Définir population et inégalités. La question ne porte donc pas sur l'analyse démographique au sens
strict, ni sur l’étude générale des facteurs et des formes du peuplement. En revanche, dans la mesure où ils sont nécessaires pour décrire et comprendre l’expression géographique des inégalités, des caractéristiques démographiques élémentaires pourront être mobilisées (structures par âge et par sexe, mobilités, catégories socio-professionnelles…). C’est bien la diversité de la population dans ses dimensions sociales, culturelles, politiques et économiques qu’il convient de comprendre dans ce
programme.
Les inégalités peuvent être définies comme des disparités - diversement perçues, construites et
traitées par les sociétés – en matière d’accès aux biens, aux ressources et aux services, et ce à
différentes échelles et de façon multidimensionnelle. Elles recoupent plusieurs domaines qui relèvent plus largement du développement humain, tels que les conditions d’existence, les revenus, l’accès aux services de base, la santé, l’éducation, les ressources, la sécurité, la justice, les droits fondamentaux.
Caractériser et comprendre les relations entre population et inégalités. Les relations entre population et inégalités s’expriment et se repèrent géographiquement à toutes les échelles. Elles doivent être analysées dans différents types d’espaces (rural/urbain, centres/périphéries,
accessibles/ultrapériphériques, pays pauvres/riches, Nord/Sud…) et à différentes échelles (du mondial au local).
A l’échelle mondiale, il convient de mettre en lien la production des inégalités avec l’organisation des
sociétés contemporaines et avec les processus globaux, qu’il s’agisse de la mondialisation, des
changements environnementaux globaux, des problématiques de santé globale, ou de l’émergence denouveaux régimes migratoires transnationaux. Aux échelles plus fines, le programme requiert de
réfléchir aux processus d’exclusion, d’accessibilité aux biens, ressources et services et aux modalités
de réduction de ces inégalités. La pauvreté des populations, produite par les inégalités permet par
exemple d’observer les multiples processus à l’oeuvre.
Il s’agira aussi de considérer les flux de population en relation avec les inégalités dans le monde. Les
inégalités d’accès à des biens fondamentaux tels que l’eau potable et l’alimentation génèrent, par
exemple, de multiples formes de mobilités et de conflits. De même, les enjeux liés au vieillissement
des populations s’expriment sous différentes formes et conduisent à des inégalités de santé, comme
la récente épidémie de covid-19 l’a montré. Enfin, il conviendra d’aborder des champs traités plus
récemment par la géographie pour cerner les relations entre population et inégalités telles que les
études de genre, les logiques de l’exclusion sociale au détriment de celles de l’intégration, les formes de ségrégation et de discrimination, les régimes de visibilité/invisibilité. Ces approches pourront conduire à interroger de manière critique les façons dont sont construites les catégories de lecture sociales et spatiales de la population pour saisir les inégalités. De la même façon, la connaissance des principaux indicateurs synthétiques de mesure des inégalités (IDH, PIB, PPA…) est attendue. Leur spatialisation permet une lecture géographique des inégalités en termes de gradients ou de discontinuités. Pour aller plus loin, la prise en compte de différentes approches des inégalités (par les capabilités ou par les effets de seuils de revenus par exemple) permettra de mettre en perspective les différentes façons de mesurer les inégalités au sein des populations.
Lutter contre les inégalités : pratiques et politiques. Le programme invite à s’interroger sur les
réponses apportées par les acteurs aux situations d’inégalité. Les principales stratégies de réduction
des inégalités devront être abordées dans leur dimension spatiale. D’un côté, les pratiques des
populations génèrent elles-mêmes des dynamiques pour s’extraire de leurs difficultés socioterritoriales (rôle croissant des femmes dans ces dynamiques, logiques migratoires, nouvelles formes de solidarité et d’auto-organisation…). D’un autre côté, les politiques et les programmes de lutte contre les inégalités sont menés à différentes échelles et visent à garantir un meilleur accès auxressources (éducation, santé, emploi, NTIC) à toutes les populations, quel que soit leur lieu de
naissance (région prospère ou en retard de développement, ville ou campagne) et leurs
caractéristiques (âge, genre, ethnie, orientation sexuelle…). Ces politiques sont portées par des acteurs de nature très diverse (organisations internationales et régionales, Etats, organisations non
gouvernementales et, de plus en plus, organismes privés etc.). A ce sujet on pourra mettre en évidence le rôle de certains grands programmes de réduction des inégalités (comme l’Aide publique au développement, ceux de l’Organisation mondiale de la Santé par exemple), leur remise en question par certains Etats et la place prise par d’autres acteurs (ONG, fondations privées…).